Mighty Sarah Johnson
en collaboration avec Poly-Out, et le soutiens de DARE-DARE, 2023.









ENG

Sarah Johnson is a young graduate from Rosemère who has just arrived in Tiohtià:ke/Montréal. Her valley girl looks bother only those who don't really know her. Barely cartoonish, this facade hides a Super Reporter who is uncompromising towards prejudice by day but willingly fulfills dirty renegade cowgirl fantasies by night.

She draws her audacity from the canonical figures of gutsy art: Erin Brockovich, the House Bunny, Cindy Campbell, Isabelle Huppert in the movie "Elle", Kimberly Hart, and not forgetting Thelma and Louise, to name but a few. Although she's just learning to cope with her own body and her new role as a reporter, she's not above attracting attention in order to get what she wants.

Hence why, when faced with the rise of the disguised Conspirationist Servatrice and her boring Rats-Bougris against Lheure Ducompte, Sarah Johnson refuses to "do nothing" and to remain silent. Microphone and pen in hand, she sets out to find true stories.


FR



Sarah Johnson est une jeune diplômée de Rosemère qui vient tout juste d'arriver à Tiohtià:ke/Montréal. Son allure de valley girl n'a de prise que sur celles et ceux qui ne la connaisse qu'en superficie.  À peine caricaturale, sous cette façade se cache une Super Reporter qui se montre intraitable envers les préjugés le jour, mais qui mène la vie dure le soir dans les zones chaudes du centre-ville.

Elle tire littéralement son audace des canons de l'art du cran : Erin Brockovich, la Bunny du Campus, Cindy Campbell, Isabelle Huppert dans le film «Elle», Kimberly Hart, sans oublier Thelma et Louise pour ne citer que celles-ci. Bien qu'elle apprivoise tranquillement son corps ainsi que ses nouvelles fonctions de reporter, elle ne manque pas d'attirer l'attention afin d'obtenir ce qu'elle cherche.

C'est pourquoi, devant la montée de la déguisée Conspirationniste Servatrice et des désolants Rats-Bougris insurgé·e·s contre Lheure Ducompte, Sarah Johnson, refuse de «ne rien faire» et de garder le silence. Microphone et formulaire en main, elle part à la recherche de faits vécus et de ressentis.










ENG


As summer is coming to an end, students are away and most organizations are still closed for another few weeks. However, Sarah's activism and commitment are keeping her busy. In fact, our superheroine is already preparing for her first day at Polytechnique Montréal (!!!), or at least she's already stressing about her back-to-school looks.

In partnership with the Poly-Out committee, Sarah Johnson will put on a handful of performances on the Mount-Royal campus this fall.  She presents herself as a reporter with polymorphous powers, questioning the day-to-day reality of sexual and gender minorities at Polytechnique Montréal. Eyerolls expected.

Embracing that gender role, Sarah Johnson sets out to meet future engineers: those who, in the not-so-distant future, will find themselves in a position to decide and create the infrastructure of our shared spaces.


FR


C'est l'été, les étudiant·e·s sont en vacances, et plusieurs organisations ferment leurs portes pendant quelques semaines, mais l'activisme et l'engagement de Sarah la maintiennent bien active. En effet, notre super héroïne prépare déjà sa rentrée scolaire à Polytechnique Montréal (!!!), du moins elle rumine déjà son stress quant à son look de la rentrée.

En partenariat avec le comité Poly-Out, Sarah Johnson réalise quelques performances ponctuelles cet automne sur le campus universitaire qui longe le Mont-Royal. Elle s'y présente comme une reporter aux pouvoirs polymorphes qui s’interroge sur la réalité quotidienne des personnes en situation de minorité sexuelle ou de genre au sein de Polytechnique Montréal. Sourcillement en perspective.

C'est donc dans ce rôle assigné que Sarah Johnson part à la rencontre des futur·e·s ingénieur·e·s : ces personnes qui, dans un avenir pas si lointain, se trouveront dans une situation de décision et de création quant à l'infrastructure de nos espaces partagés.












Chapitre 1


GURL YOU CAN DRIVE !










Image générée par IA

  
FR


Le jour J est arrivé. Bien sûr j’ai des papillons dans le ventre et j’ai mal dormi toute la semaine. Je pense à tous ces nouveaux visages et ça m’emballe!

Je sais que mon coeur va s’emballer et me faire dire des folies.
Mais c’est bon, ce sera comme d’habitude.





Photo de cellulaire, Merci à Pablo Elizondo.


À mon arrivée, je fais la rencontre du comité Poly-Out ❤️️ avec qui j’ai échangé par courriel.

Iels m’emmènent faire une visite de l’école.

Mis à part le tressaillement de certaines personnes en me voyant traverser la cafétéria, tout le monde me sourit. J’ai même l’opportunité de discuter avec plusieurs étudiant·e·s, dont celles et ceux de l’équipe de bolide motorisé.


🧼 😁







À mon arrivée, un groupe d’étudiant·e·s anime un kiosque autour d’un bolide motorisé. Il semblerait que la course de la semaine dernière ne s’est pas bien passée pour l’équipe de Polytechnique.

Après avoir passé en revue les aspects évidents du design visuel qui sont — à mon humble avis — à retravailler et qui ont dû nuire à leur image auprès des juges, je m’informe sur le·la pilote.

Avec le flair d’un·e artiste tout droit sorti d’un jury de pairs, je sens que le choix du·de la pilote semble bien arbitraire finalement. Évidemment, le pilote qui avait été choisi pour conduire l’engin était un mec de Poly.

Comme je sais très bien me mêler de ce qui ne me regarde pas, je décide de m’immiscer dans ce calcul douteux qui a couté la victoire à l’équipe de Polytechnique Montréal.

Plus je questionne les étudiant·e·s sur le processus qui a mené au choix du pilote, plus je réalise que ce choix n’est pas anodin.

En effet, pour atteindre une vitesse maximale avec un bolide de course aux capacités motrices définies et optimales, le choix du·de la pilote devrait se faire en fonction du poids du·de la conducteur·trice, sans oublier de considérer aussi les aptitudes de conduite.

Pour des compétences de conduite comparables sur un circuit fermé, on préfèrera le·la pilote le·la plus léger·ère. 



Selon la deuxième loi de Newton 

« Pour deux objets de masses différentes sur lesquels on applique la même force, l'accélération sera plus grande sur l'objet le plus léger


Allô Prof, 2023. Physique secondaire 5.








Évidemment, l’équipe rit un peu jaune lorsque j’explique tout ça du haut de mes talons roses de 3 pouces avec un air d’évidence.

C’est simple, tout le monde fait rapidement l’exercice dans sa tête et se rend bien compte que le genre du conducteur n’a rien à voir avec l’aptitude de conduite, et que cette dernière peut faire la différence seulement si on compare une excellente aptitude à une très mauvaise, car au bout du compte, le poids compte pour beaucoup plus au final





Aucun·e récalcitrant·e n’a osé défier mon calcul. 




Et si jamais quelqu’un s’avise de le faire en mentionnant qu’un poids plus léger affectera l’adhérence du véhicule au sol, j’ai quelques conseils sur le design du véhicule en lien avec la portance. Je suis prête!



Désolé les boys, mais vite vite, à vue d’œil, je pense que vous devriez faire des calculs l’an prochain pour sélectionner votre pilot·e, ce pourrait être votre compagne de classe la ou le plus apte à la tâche!















Chapitre 2


Les vacances







Les vacances seront bien méritées pour Sarah. Les cours, les examens, l’implication, le réseautage et toutes ces heures les yeux rivés sur l’écran ont fini par lui donner le mal de cœur. Ce sont les amies, les partys et les p’tites soirées plus festives que les autres qui font qu’on peut supporter tout le reste.


Évidemment, les idées préconçues que Sarah s’était faites de Polytechnique se sont avérées fausses.



On ne sait pas pourquoi, elle avait secrètement peur que ça ressemble à ses pires souvenirs de nightclub dans le vieux Montréal : des centaines de preppies qui promènent leurs muscles en petits groupes et qui sentent trop fort le parfum.


Mais au fond, il n’en était rien de tout cela. Bien au contraire, Sarah a trouvé que tout le monde était bien smatte et respectueux à Polytechnique, surtout la gang de Poly-Out. Elle les trouvait toustes très nice et elle était vraiment contente de les retrouver chaque fois. Elle savait que s’il y avait quoi que ce soit, elle pouvait toujours compter sur iels.






Quand elle y pense, il y avait juste les agent·e·s de sécurité qui semblaient mal s’accommoder de sa présence. Soit iels s’inventaient un droit de lui refuser l’entrée, soit iels s’arrangeaient pour l’accompagner vers la sortie d’une façon ou d’une autre. Était-ce sa démarche de walk of shame qui éveillait leur suspicion, ou bien était-ce ses flamboyants battements de cils qui accrochaient leur regard? Impossible de savoir.


Et même après toutes ses sorties dans le microcosme de Polytechnique à sonder les étudiant·e·s sur leurs connaissances des réalité·e·s queers, elle ne pouvait toujours pas tirer de conclusions ni tracer de tendances à plus grande échelle.


Par exemple, elle ne comprenait toujours pas pourquoi le jeu du travestissement est acclamé à l’unanimité lorsqu’il est joué par un comédien de renom, mais qu’il incite des gens à manifester leur haine contre la communauté Queer lorsque celle-ci se prête au même jeu.





Brenda alias Marc Labrèche dans Le Cœur a ses raisons.








C’est comme si toute cette quête qu’elle s’était investie de résoudre en début d’année ne faisait plus vraiment de sens à présent. Mélanger performance d’infiltration, drag, art social et activisme 2SLGBTQIA+, elle avait l’impression d’utiliser les revendications de sa communauté pour cocher le plus de cases possible.



Elle avait elle-même créé cette mauvaise pièce de théâtre improvisée où elle lance des répliques un peu plaquées. D’ailleurs, pourquoi l’art performance et l’art action refuse autant le théâtre? Il est pourtant partout dans notre quotidien, il est dans nos réseaux sociaux à longueur de journée; il a fleuri comme du chiendent dans notre système de justice, nos institutions démocratiques et nos figures politiques; il s’est infiltré comme un clown grotesque dans nos communautés en silo, dans notre small talk avec les voisins ou même dans le vacarme incessant de nos médias d’information. Il fait hélas partie de notre banale quotidienneté et on ne le voit même plus (!) alors qu’on lui reprochait d’être figé, maniéré et factice.







Qu’à cela ne tienne, ces questions semblent pour l’heure trop complexes et éparses pour les rassembler au sein d’une thèse ou d’un mémoire.


C’est donc dire que Sarah se donnera encore un peu de temps afin de comprendre pourquoi et surtout :



comment tout cela est relié à l’ingénierie des espaces que nous partageons.



En attendant, elle promet de ne pas faire ses lectures en retard, car c’est l’heure du repos et de la fête.











 16 MARS 2024 — 14h 

Mighty Sarah Johnson dépose son mémoire sur la table

avec DARE-DARE et Poly-Out


Le samedi 16 mars 2024 14h, Polytechnique Montréal, pavillon Lassonde, local M-2401.

Tous les détails ici!


François Rioux 2024. Photo: Nicolas Gouin


C'est samedi dernier que j'ai enfin pu déposer mon mémoire sur la table à Polytechnique Montréal devant une foule de curieux·euse·s d'en savoir plus au sujet de mes recherches menées pendant l'année.



















Merci à toustes pour votre présence,

Merci à POLY-OUT pour l'accueil du projet, vous êtes toustes incroyables!

Merci à DARE-DARE de continuer à offrir des opportunités de tracer des ponts.







Il a même été suggéré que ma prochaine enquête performative explore l'univers de la construction. Il me faudra du budget pour un·e caméraman et un·e garde du corps, mais je meurs d'envie de découvrir de nouveaux outils!

Je vois déjà des croisements élégants entre Jackass et The Simple life!


À bientôt tout le monde!



Merci au Conseil des arts du Canada.








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Sarah Johnson would like to extend her heartfelt thanks to the Poly-Out committee for agreeing to embark in this experiment with her. She would also like to thank the Canada Council for the Arts for its support.

Sarah Johnson tient à remercier de tout cœur le comité Poly-Out qui accepte de sauter dans l'expérience avec elle.


Merci au Conseil des arts du Canada.